Avons-nous à ce point perdu le fil de vie ?
À l’heure où certaines tranches de la population et notamment les jeunes générations s’inquiètent du traitement des animaux, je m’étonne de voir à quel point nous avons perdu contact avec notre propre part animale, notre propre fonctionnement corporel.
En 70 ans, notre alimentation s’est tellement transformée que nous n’avons plus rien à envier à ceux que nous souhaitons laisser vivre et protéger. Comme eux, nous ingérons des produits industrialisés, mixtures aux additifs de conservation en tout genre nous promettant longue vie et forme assurées. Pour ne pas perdre, nous avons ajouté. Pour ne pas perdre, nous avons inventé. Pour ne pas perdre, nous avons garanti, etc., etc. Quelle est véritablement cette si grande perte après laquelle nous courrons, l’éternel paradis perdu ? Certains, ici et là ont cherché et cherchent à le restaurer, à le recréer, à le sauver. Les formes en sont variées : autoritaires, sensées, contraignantes, folles, idéalistes, modestes, démesurées… Tout existe et donne le vertige. Jusqu’où irons-nous ?
Je reste là, spectatrice de nos comportements, m’enquérant d’une compréhension affinée de notre instrument de musique particulier, notre corps.
Je développe depuis de nombreuses années une approche holistique du corps instrument et plus j’avance, plus je découvre la simple complexité de cet outil sans pareil, capable de survivre aux pires traitements comme de signaler la plus infime et intime sensation à son propriétaire. Comment ne pas être émerveillée par tant de sollicitude à l’égard de notre âme souffrante ?
Chanter, faire de la musique peut autant relever de la Joie à transmettre ses émotions directement par le son comme de libérer le trop plein de souffrances diverses et variées engrangées voire enkystées au plus profond de nos entrailles et tissus divers. Comme ont pu le montrer diverses publications et documentaires diffusés sur nos chaines télévisées, les qualités et propriétés de l’onde sonore dépassent encore largement notre capacité de compréhension. Nos scientifiques constatent et témoignent de phénomènes ressentis depuis des milliers d’années. Le vibratoire n’a pas fini de nous surprendre et envahit notre vie dans le silence des ondes porteuses de nos médias et satellites et peut aller jusqu’à nous rendre sourds dans tous les sens du terme, physiologique et psychologique. Nous faisons désormais partie de ce gigantesque cerveau planétaire et pourtant nous continuons à chanter, jouer et émouvoir l’unique.
Alors, que faire ? Continuer à vivre l’instant et le présent, centrés sur la reconnaissance de soi-même par soi-même. Continuer à chercher, partager, s’émerveiller et en échanger sous toute forme artistique et conviviale à notre portée. Avec l’alimentation et l’exercice physique, la relation à l’autre et au groupe reste le gage premier d’une longévité en joie et plénitude.
Alors chantons à corps et gorge déployés autour de l’axe vibratoire et lumineux qui nous anime au quotidien !
Françoise Semellaz