Kit de survie pour chanteur voyageur

Expérimentation d’un abré­gé d’exercices issus de dif­fé­rentes tech­niques cor­po­relles et tra­di­tions éner­gé­tiques pour le déve­lop­pe­ment et l’entretien du poten­tiel vocal et phy­sique du chan­teur-acteur voya­geur. Comment opti­mi­ser les moments de pré­pa­ra­tion et de récu­pé­ra­tion dans des lieux exi­gus et dans un temps limi­té ?

Dans cette pré­sen­ta­tion, je réunis dans la valise du chan­teur voya­geur tout ce qui peut lui appor­ter récon­fort et sou­tien dans ses aven­tures musi­cales et scé­niques.

Autant dans ma vie de chan­teuse voya­geuse que dans celle de pro­fes­seur voya­geur, j’ai eu à faire face aux besoins de l’instant pré­sent et s’il y a bien un art de l’instant, c’est la musique. Ce n’est ni avant ni après mais tout de suite. Cependant, à part cet ins­tant de concen­tra­tion suprême, il y a l’avant et l’après. Comment gérer ? Quelles pro­po­si­tions pour l’avant pour que l’instant se passe au mieux et que l’après puisse débou­cher sur une suite épa­nouie ?

Pour exer­cer notre métier, nous sommes conduits à nous éloi­gner de notre envi­ron­ne­ment fami­lier, qui peut être plus ou moins res­sour­çant et sécu­ri­sant, mais où nous avons nos habi­tudes et repères éta­blis. Chaque voyage nous trans­porte dans un uni­vers plus, moins ou tota­le­ment incon­nu. Le dépla­ce­ment, avec ou sans déca­lage horaire, avec ou sans cli­ma­ti­sa­tion, avec ou sans retard, etc., nous emmène dans le lieu sou­vent exi­gu d’une chambre d’hôtel pour un séjour allant de quelques jours à par­fois plu­sieurs mois. Il faut y recons­truire, l’espace d’un temps, un contexte favo­rable à l’exercice de notre pro­fes­sion. L’objectif de cette com­mu­ni­ca­tion est de voir com­ment il est pos­sible, avec un mini­mum de moyens pra­ti­cables en condi­tions extrêmes d’isolement et de soli­tude, d’aider et d’optimiser la fonc­tion homéo­sta­sique du corps humain chan­tant dans les meilleures condi­tions.

Conformément à la défi­ni­tion de Claude Bernard, « l’homéostasie est l’équilibre dyna­mique qui nous main­tient en vie », c’est la capa­ci­té que peut avoir le corps humain à conser­ver son équi­libre de fonc­tion­ne­ment en dépit des contraintes qui lui sont exté­rieures. Pour cela, il est néces­saire d’envisager ce fonc­tion­ne­ment du corps en trois dimen­sions : struc­tu­relle, bio­chi­mique, et psy­cho émo­tion­nelle en sachant que cha­cun de ces aspects est en inter-rela­tion avec les deux autres. La liai­son entre chaque élé­ment de l’ensemble est assu­rée par l’énergie élec­tro­ma­gné­tique, carac­té­ris­tique à chaque être vivant sur terre. Elle contri­bue à l’assimilation, l’intégration et à la res­ti­tu­tion opti­males des appren­tis­sages vocaux et musi­caux de l’interprète.

Points trai­tés :
Structurel, agir sur la méca­nique
Biochimique, agir sur l’alimentation et le som­meil
Psycho émo­tion­nel, agir sur le com­por­te­ment et la pen­sée
Énergie élec­tro­ma­gné­tique, agir sur la mise en cir­cu­la­tion et en rela­tion des trois élé­ments pré­cé­dents
Chanter, obte­nir et refaire une action mémo­ri­sée à la demande et dans l’instant

1. Dimension struc­tu­relle
C’est le sup­port méca­nique, le corps phy­sique, muscles, ten­dons, os, fas­cias que nous allons pétrir, mas­ser, mobi­li­ser, éti­rer, toni­fier. Nombre de tech­niques cor­po­relles apportent leurs réponses, allant du simple mas­sage aux pra­tiques les plus éla­bo­rées.
Avant toute chose, mas­ser, pétrir, bros­ser, toni­fier, Do in : auto­mas­sage, Tai Chi Chuan : action sur les os, Yoga : action sur les muscles et ten­dons et par consé­quence les os éga­le­ment, Qi Gong, exer­cices des sai­sons et d’harmonisation de l’ensemble.
Autres dis­ci­plines spor­tives ou dan­sées dans une mesure rai­son­nable.

2. Dimension bio­chi­mique
Elle concerne tous les échanges cel­lu­laires du corps humain allant de la simple res­pi­ra­tion aux fonc­tions les plus sophis­ti­quées du cer­veau. Elle est garan­tie par deux fonc­tions très impor­tantes pour le chan­teur « man­giare e dor­mire » comme disait un très célèbre ténor ita­lien. Le res­pect de l’équilibre aci­do-basique de l’organisme, de plus en plus dif­fi­cile à main­te­nir avec notre vie moderne et a for­tio­ri chez un artiste qui sou­vent se couche tard et a une vie convi­viale déve­lop­pée.
Une ali­men­ta­tion adap­tée peut sou­te­nir gran­de­ment cet effort et pro­cu­rer un bon som­meil et une irri­ga­tion nour­ris­sante des cel­lules qui ren­dront les médi­ca­ments d’autant plus effi­caces en cas de néces­si­té incon­tour­nable.
– Repérer les ali­ments aci­di­fiants : atten­tion ! Ne pas confondre acide et aci­di­fiant, ex : le citron qui est basi­fiant mais atten­tion au ter­rain qui l’accueille, il doit avoir un mini­mum de vita­li­té. Trop de pro­duits lai­tiers aci­di­fie et contri­bue à la défi­cience miné­rale
– Respecter le fonc­tion­ne­ment et le rythme diges­tif (associations/dissociations, temps de diges­tion) fait gagner du temps et de l’énergie. La diges­tion de fruits crus prend 30mn dans un esto­mac vide mais peut faire durer 10h l’assimilation d’un bol ali­men­taire si pris en fin d’un repas copieux et riche en pro­téines
– Mâcher les liquides et boire les solides alca­li­nise le bol ali­men­taire
– Sommeil, moment de répa­ra­tion et régé­né­ra­tion cel­lu­laire
– Eau nature la plus neutre pos­sible, conduc­trice des infor­ma­tions
– Éviter les inhi­bi­teurs de diges­tion : café, thé, cho­co­lat, alcool et autres sti­mu­lants
– Confort cli­ma­tique (pieds, ventre et cou au chaud)

3. Dimension psy­cho émo­tion­nelle
Mieux se connaître pour mieux se pré­pa­rer, réagir, s’adapter, se réta­blir. En dehors d’un tra­vail de fonds qui peut être mené sur la durée et des exer­cices que nous ver­rons dans le 4e point, des habi­tudes d’hygiène vitale et rela­tion­nelle élé­men­taires peuvent être d’un grand secours.
– Douche d’eau et de lumière
– Relaxation, visite ami­cale
– Assise ou médi­ta­tion
– Images posi­tives (pay­sage fami­lier, pho­to d’un proche, d’un maître spi­ri­tuel, de soi-même enfant émer­veillé devant la vie)
– Journal ou cahier, où épan­cher ses colères et autres poids
– Livre, roman ou maga­zine

4. Énergie élec­tro­ma­gné­tique
Optimiser la cir­cu­la­tion et le lien entre les 3 dimen­sions en dimi­nuant les sources éner­gé­ti­vores
– Boire de l’eau est une base incon­tour­nable, sur­tout le matin
– Couper les sources para­sites (télé­phone, TV, ordi­na­teur, ampoules basse consom­ma­tion, etc.) sur­tout la nuit
– Équilibrations éner­gé­tiques issues de la kiné­sio­lo­gie :
. contact fron­to-occi­pi­tal : une main sur le front, une main der­rière la tête au niveau de l’occiput et attendre la syn­chro­ni­sa­tion de la pul­sa­tion du flux san­guin crâ­nien entre les deux mains
. éner­gie en huit : à tous niveaux mou­ve­ment en ∞ tête, bas­sin, pieds, bras, mains
. bros­sage des méri­diens : Vaisseau Conception (devant) et en géné­ral sur la base de l’humain, radar entre ciel et terre, par­tir de l’intérieur des pieds et mon­ter jusqu’aux cla­vi­cules puis conti­nuer à l’intérieur du bras gauche vers la paume puis le des­sus de la main en remon­tant jusqu’à l’épaule, même chose avec le bras droit puis repar­tir du front avec les deux mains vers l’arrière du crâne et redes­cendre sur l’arrière du corps pour finir en redes­cen­dant à l’extérieur des jambes jusqu’aux pieds
. swit­ching auto­mas­sage pour les 3 dimen­sions
. cross-crawl (inté­gra­tion bila­té­rale),
. contacts croi­sés (concen­tra­tion)
NDA : pour ces trois der­niers exer­cices, se réfé­rer à l’ouvrage Touch for Health (Santé par le tou­cher) de John et Matthew THIE

5. Chanter
La voix et son joueur sont main­te­nant prêts à fonc­tion­ner et à répondre dans les meilleures condi­tions. Chacun sa pano­plie d’exercices, gla­née au fil des appren­tis­sages. 4 direc­tions prin­ci­pales à rete­nir cepen­dant.
– Découverte de l’appareil laryn­gé
– Respiration des 3 hau­teurs et direc­tions
– Réveil pho­na­toire, mise en vibra­tion du corps souple et mou­vant : son bouche fer­mée (hum­ming, son musé), mise en réso­nance de l’espace laryn­go-pha­ryn­gé, sons voi­sés et non-voi­sés : f/v, s/z, ch/j
– Tyrolienne, jeu des méca­nismes laryn­gés, voix de poitrine/voix de tête pour l’assouplissement du méca­nisme d’étirement des cordes vocales
– Jeu des forces mus­cu­laires res­pi­ra­toires et pho­na­toires, res­pi­ra­tion ryth­mée, ono­ma­to­pées, début et fin de son, sons filés
– Agilité, homo­gé­néi­sa­tion des registres, vir­tuo­si­té

La voix et son joueur se pré­parent men­ta­le­ment :
– Travail à la table, lec­ture silen­cieuse
– Préparation en sophro­lo­gie, PNL, autres…
– Repérage des lieux de jeu, de répé­ti­tion
– Contacts avec les autres membres de l’équipe tech­nique et artis­tique : dire bon­jour et mer­ci ! comme on dira bon­jour et au revoir au lieu, avant et après la pres­ta­tion

Après cette expé­ri­men­ta­tion « d’un » che­min de chan­teur-acteur voya­geur, cette liste non exhaus­tive est une trame à per­son­na­li­ser avec toutes les res­sources que vous avez pu gla­ner au fur et à mesure de votre expé­rience chan­tée. Ne pas oublier de noter l’expérimentation qui a été béné­fique et por­teuse afin de consti­tuer peu à peu un tré­sor per­son­nel. Il tient sou­vent en quelques exer­cices et phrases chan­tées repères qui branchent l’être chan­tant dans son centre expres­sif, pour le plus grand bon­heur des audi­teurs et spec­ta­teurs.

Françoise Semellaz