Dans l’urgence et la limitation temporelle du travail vocal en conservatoire, j’ai expérimenté, sélectionné et synthétisé les différentes sources d’exercices physiques pratiquées depuis plus de 25 ans.
Depuis le début de mon expérimentation personnelle du travail préparatoire corporel à tout effort physique, qu’il soit dansé, chanté ou simplement éducatif, j’ai toujours partagé immédiatement mes découvertes et enthousiasmes avec mes élèves. Enseigner un geste, une connaissance est le dernier palier qui permet l’intégration complète d’une information dans la mémoire et le schéma corporel.
Ceci dit quelques contraintes propres à l’enseignement dans nos structures scolaires et associatives ainsi qu’à nos habitudes de vie et à notre culture m’ont amenée à choisir un certain type d’exercices.
L’exiguïté et la propreté des lieux mis à notre disposition ne permettant pas toujours un travail au sol, j’ai été amenée à privilégier le travail préparatif proposé en Taî Chi Chuan (déverrouillages des articulations, automassages, frappes et respirations énergétiques) et une série d’étirements issus du Qi Kong « Les 8 brocarts de soie » Ba Duan (8 exercices) Jin (tissu précieux).
Dans un travail plus avancé et disposant d’un lieu plus vaste permettant un travail au sol, le yoga offre d’autres possibilités pour une exigence musculaire et énergétique approfondie et ciblée.
Pour une prise de conscience générale et particulière, toutes les techniques comme la méthode Alexander ou Feldenkrais sont également très intéressantes.
J’ai beaucoup appris également des danseurs tant en contemporain qu’en baroque et je me plais à aller les voir sur scène, ils alimentent mon imagination de professeur improvisateur.
Enfin, j’y ai ajouté tous les apports de la Kinésiologie éducative mise au point par le Dr Dennison et le travail d’ « Anatomie par le mouvement » proposé par Blandine Calais Germain.
N’ayant pratiqué assidûment que les deux premières disciplines corporelles, tai Chi Chuan et Yoga, je m’attacherai à transmettre mes expériences dans ce seul domaine.
Depuis une quinzaine d’année que j’ai débuté le TCC, j’ai tout de suite adopté la série des 8 pièces de soie qui m’a interpellée immédiatement. Elle offrait la possibilité de faire un travail complet en profondeur en peu de temps et dans un espace restreint. J’y ai vu tout de suite l’application pédagogique et ai commencé à l’enseigner systématiquement à mes élèves.
Maintenant que je peux faire le bilan de cette approche dispensée de façon suivie sous forme d’ateliers bihebdomadaires (1 fois tous les 15 jours) en conservatoire, les témoignages du bénéfice de cet apprentissage auprès des élèves confrontés aux échéances stressantes des examens sont très nombreux. Ils font retour de la mise à disposition d’un panel d’exercices variés et ciblés dont ils tirent le bénéfice de pouvoir refaire en public ce qu’ils font en petit comité et de vivre leur chant en plénitude de leurs moyens.
Ceci dit, pour le professeur, une pratique personnelle régulière et variée permet de soutenir l’enthousiasme et l’esprit de découverte de la jeunesse avide d’apprendre et par conséquent de la stimuler chez ceux de qui nous l’attendons. Si nous ne l’avons pas envisagé avant de nous consacrer à l’enseignement, ce travail permettra d’entretenir l’instrument et de maintenir, voire améliorer l’état de santé tant physique que mental de tous les participants enseignés et enseignants. L’exemple et le partage de ses forces, atouts et faiblesses accroîtront l’humilité et la disponibilité de chacun.
Ainsi préparé, l’interprète chanteur enseignant et enseigné, peut être au service de la musique, de ses partenaires de jeu et du public dans une ambiance de disponibilité et d’adaptation maximum.